Kaman, Turquie, 514km de Gaziantep, 615km d'Alep
Un énorme chien au bout d'une courte chaîne aboie aux voitures au loin. Un chiot en liberté lui tourne autour. Probablement sa progéniture. J'allais dire son fils mais ça fait trop humain. Un pot en plastique lui sert d'ecuelle pour l'eau, un autre est rempli de vieux pain. Dernière l'abri qui lui sert de niches, un hamas de déjections, de ferrailles, de restes en tout genre. En cette fin de journée, le soleil continue à cogner. La bête n'a que l'ombre de sa tanière pour s'en protéger. Autant dire qu'il a le choix entre une étuve et un soleil de plomb. Et cinq mètres de chaîne au mieux pour déambuler. La fenêtre de ma chambre d'hôtel surplombe la scène. Alors, je vais voir le proprietaire, tente de lui expliquer que son chien a comme lui, droit à la liberté. Nous nous rendons avec les jeunes employés de l'établissement auprès du chien. Par gestes, je leur fait comprendre que la chaîne de l'animal est bien trop courte. Il ne veulent pas comprendre, rigolent, et, tandis que je caresse la bête, ils retournent à leur occupation. Le lendemain, avant de partir, je retourne le voir, passe par les cuisines où deux cuisiniers, un homme et une femme, découpent une pièce de viande. Mais là encore, incompréhension, indifférence. Un autre chien de même race, tout aussi docile et encore plus impressionnant vit dans les mêmes conditions, attaché à un tronc d'arbre, tout près des cuisines. À quelques dizaines de mètres l'un de l'autre, deux victimes de la connerie humaine. Je repasse près des deux cuisiniers affairés, couteaux en main, à dépecer chair et muscles. Envie de meurtre.France Inter en podcast. Eric Fromé se moque en chanson de la mort d'un toréador. Ça console, mais très peu. Marcher pour la Syrie ou bien marcher pour les animaux ou bien marcher pour la Nature, ou tout simplement marcher pour le respect de la Vie ?